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Guide des difficultés de rédaction en musique (GDRM)

Titres d'œuvres et d'ouvrages > Catégories de titres d'œuvres et composantes

La présente page cherche à catégoriser les titres d'œuvres en fonction des éléments qui les composent. La liste ne prétend pas à l'exhaustivité. Des commentaires relatifs à la présentation typographique sont ajoutés au besoin.

Voir aussi la page consacrée aux titres comportant des motifs musicaux dérivés de noms de personnes, comme les Six fugues sur B-A-C-H pour orgue ou piano à pédales, op. 60, de Schumann.

Il est essentiel de maîtriser les règles relatives à l'utilisation des majuscules, idéalement les règles modernes.

Catégories de titres d'œuvres

Forme ou type de pièce + instrument : Aaron Copland, Concerto pour piano (1926)

Forme ou type de pièce + instrument + numéro + tonalité : Sergueï Prokofiev, Concerto pour violon et orchestre no 2 en sol mineur, op. 63 (1935) {Le nom de note s'écrit en italique puisque le titre est en italique.}

Forme ou type de pièce + numéro + tonalité + titre secondaire : Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie no 41 en do majeur, K. 551, « Jupiter » (1788) {Le nom de note s'écrit en italique puisque le titre est en italique et que le nom de note n'est pas utilisé de façon autonymique.}

Forme ou type de pièce + sur le nom de : Alfredo Casella, Ricercare sul nome « Guido M. Gatti » (1942)

Forme ou type de pièce + précision : Ferruccio Busoni, Prélude et étude en arpèges, BV 297 (1923)

Titres reliés par la conjonction « et » : Anatoli Alexandrov, Élégie et valse, op. 89

Nombre + forme ou type de pièce + caractérisation (nombre écrit au long) : Stephen Heller, Trente études progressives, op. 46 (1844)

Tempo + caractérisation : William Sterndale Bennett, Allegro grazioso, op. 18 (1838)

Titre générique (indication d'instrument en romain) : Johannes Brahms, Onze préludes de choral pour orgue, op. 122 (1896)

Titre générique + nom : Ludwig van Beethoven, Ouverture Egmont, op. 84 (1809-10)

Hommage ou pastiche : Claude Debussy, Hommage à Haydn (1909)

Mot ou groupe de mots évocateurs : Kaikhosru Shapurji Sorabji, Un nido di scatole (1954)

Titres multiples des motets polytextuels (séparation des incipit par un tiret demi-cadratin ou cadratin, mais par un trait d'union) : Aucun vont – Amor qui cor – Kyrie

Proposition ou vers : Claude Debussy, « Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir », no 4 du premier livre des Préludes (1910)

Titre à l'intérieur d'un titre (guillemets pour le titre à l'intérieur d'un titre) : Claude Debussy, Prélude à « L'après-midi d'un faune » (1892-1894)

Composantes des titres d'œuvres génériques

La présente section commente chacune des parties dont peuvent se composer les titres d'œuvres, principalement les titres génériques comme concerto, sonate et symphonie. Elle répond à de nombreuses questions relatives à la disposition, à la ponctuation, à l'utilisation des guillemets ou de l'italique, aux numéros d'opus et de catalogue thématique, etc.

Un titre générique se compose, dans l'ordre, des éléments suivants :

  • type d'œuvre ou forme
  • instrument
  • numéro d'ordre
  • tonalité
  • numéro d'opus
  • numéro de catalogue
  • titre secondaire
  • année(s) de composition
  • extrait joué

Type d'œuvre et instrument

Forme ou type d'œuvre : Un titre générique commence par l'indication de la forme ou du type d'œuvre (concerto, quatuor, quintette, symphonie, trio, etc.).

Le programme du concert de demain commencera par la Symphonie no 2 en ré majeur, op. 43 (1901-1902), de Jean Sibelius.

Un titre générique commence toujours avec une majuscule, qu'il se trouve dans une liste ou à l'intérieur d'une phrase.

le Prélude et fugue en mi mineur, BWV 855, du premier livre du Clavier bien tempéré
le prélude et fugue en mi mineur, BWV 855, du premier livre du Clavier bien tempéré

Titre en deux parties : Certaines œuvres se composent de deux parties bien définies, et on peut hésiter sur la casse à utiliser pour la deuxième. S'il est clair que, dans le cas de l'opus 22 de Chopin, le deuxième titre semble exiger la majuscule, la chose est moins claire dans les deux autres.

Frédéric Chopin, Andante spianato et Grande polonaise brillante, op. 22
Robert Schumann, Adagio et allegro pour piano et cor en la bémol majeur, op. 70.
Sergueï Bortkiewicz, Lamentations et consolations, op. 17

Instruments impliqués : Il est préférable d'être précis et d'écrire quatuor à cordes plutôt que quatuor et, à plus forte raison, concerto pour violon que concerto.

Ludwig van Beethoven, Quatuor à cordes no 14 en do dièse mineur, op. 131
Felix Mendelssohn, Concerto pour violon et orchestre en mi mineur, op. 64 (1844)

Utilisation de l'article (défini ou indéfini) : De manière à utiliser correctement l'article (défini ou indéfini), il faut déterminer si une œuvre est unique dans la production d'un compositeur ou si elle est possède un numéro d'ordre.

la Sonate en si mineur de Liszt
une Sonate de Liszt {Il n'existe pas chez Liszt de sonates portant chacune un numéro.}

le Concerto de Grieg
un Concerto de Grieg {Il n'existe pas chez Grieg de concertos portant chacun un numéro.}

Numéro d'ordre

Graphie : Le numéro que porte une œuvre telle que concerto, sonate ou symphonie à l'intérieur de la production d'un compositeur ne s'écrit pas en français comme en anglais ou en allemand. La forme anglaise, sans exposant et avec le point abréviatif, est souvent utilisée à tort en français.

no 5, nos 5 et 6
no., No., nos., Nos. (angl.); Nr. (all.)

Il faut éviter de confondre le chiffre 0 et la lettre o en exposant, d'autant plus que les touches se voisinent sur le clavier.

no
n0

Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano et orchestre no 26 en ré majeur, K. 537 (1788), « Couronnement »

Risques de confusion dans la numérotation : La prudence est de rigueur dans le cas d'œuvres portant un numéro à l'intérieur de la production d'un même genre ou un numéro à l'intérieur d'un opus. Une œuvre de Johannes Brahms illustre bien le problème.

Concerto pour piano et orchestre no 2 en si bémol majeur, op. 83 (1878-1882)
Concerto no 2 pour piano et orchestre en si bémol majeur, op. 83 (1878-1882) {ce qui suggérerait que le premier concerto pourrait être écrit pour un autre instrument}
Concerto pour piano et orchestre en si bémol majeur, op. 83, no 2 (1878-1882) {ce qui voudrait dire que l'œuvre serait la deuxième d'un groupe portant le numéro d'opus 83}

Dans les faits, le problème se pose surtout dans le cas de certaines œuvres baroques.

Arcangelo Corelli, Concerto grosso en ré majeur, op. 6, no 4 (1714)
Arcangelo Corelli, Concerto grosso en ré majeur, no 4, op. 6 (1714)

George Frideric Handel, Concerto grosso en sol mineur, op. 6, no 6, HWV 324 (1739)
George Frideric Handel, Concerto grosso en sol mineur, no 6, op. 6, HWV 324 (1739)

Frédéric Chopin, Nocturne en ré bémol majeur, op. 27, no 2 (1835)
Frédéric Chopin, Nocturne no 2 en ré bémol majeur, op. 27 (1835) {Il ne s'agit pas du deuxième nocturne de Chopin, mais bien du deuxième nocturne d'un groupe de deux.}

Ordre des parties du titre : Les éléments formant un titre doivent être présentés dans un ordre qui respecte les faits et la logique. Il faut éviter de placer le nom du compositeur à l'intérieur d'un titre.

On pourra entendre les Lieder sur des poèmes de Maeterlinck, op.  13, de Zemlinsky.
On pourra entendre les Lieder de Zemlinsky sur des poèmes de Maeterlinck, op. 13.

Tonalité et mode

Tonalité : La tonalité dans laquelle est écrite une œuvre se compose toujours dans la même face que le titre. En d'autres mots, on ne distingue pas la tonalité du reste du titre en l'écrivant en italique dans un titre en romain ou en romain dans un titre en italique.

Joseph Haydn, Quatuor à cordes no 38 en mi bémol majeur, op. 50, no 3, Hob. III : 36
Joseph Haydn, Quatuor à cordes no 38 en mi bémol majeur, op. 50, no 3, Hob. III : 36
Joseph Haydn, Quatuor à cordes no 38 en mi bémol majeur, op. 50, no 3, Hob. III : 36

On compose un nom de note dans l'autre face seulement lorsque la note est utilisée de façon autonymique.

Le deuxième mouvement de l'œuvre est en mi majeur.

Tonalité d'origine : Il faut s'assurer que la tonalité dans laquelle une œuvre vocale est écrite soit bien la tonalité originale et non une transposition, ce qui est souvent le cas des éditions pratiques des œuvres des grands compositeurs romantiques comme Schubert, Schumann et Brahms, dont il existe des éditions pour voix aigües et graves.

Do et ut : Comme on solfie do et non ut, il n'existe aucune raison de conserver la forme ancienne ut pour désigner la première note de la gamme de do, nom beaucoup plus euphonique.

Jouer une gamme de do dièse majeur.
Jouer une gamme d'ut dièse majeur.

Mode : L'indication du mode (majeur ou mineur) s'écrit au long dans tous les cas. En d'autres mots, on ne sous-entend pas que l'absence d'indication correspond au majeur, sauf dans certains cas qui se sont imposés, comme la Symphonie en do de Georges Bizet, le Concerto en sol de Maurice Ravel et le Concerto en fa de George Gershwin.

Johannes Brahms, Concerto pour piano et orchestre no 2 en si bémol majeur, op. 83 (1878-1882)
Concerto pour piano et orchestre no 2 en si bémol, op. 83 (1878-1882)
Concerto pour piano et orchestre no 2 en si bémol maj., op. 83 (1878-1882)

On évitera de mettre une majuscule initiale au nom d'une note ou de composer le nom entier en majuscules pour signifier une tonalité majeure.

Symphonie en fa majeur
Symphonie en Fa
Symphonie en FA

Altérations : On écrit généralement au long les mots dièse et bémol contenus dans l'indication de tonalité plutôt que les symboles équivalents. Il est préférable de réserver l'utilisation des symboles aux textes de nature analytique de même qu'aux listes et aux tableaux.

Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano et orchestre no 9 en mi bémol majeur, K. 271
Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano et orchestre no 9 en mi majeur, K. 271

La lettre b (même en exposant) ne doit pas servir pour représenter le bémol, tout comme le symbole # (carré, fagot; angl. pound sign) pour remplacer le dièse; il s'agit d'un indice évident d'amateurisme. La page Typographie > Codes numériques pour la saisie des signes typographiques et diacritiques et des symboles musicaux décrit les méthodes de saisie des altérations.

Il n'y a pas d'espace de part et d'autre du symbole, contrairement à ce que peut parfois suggérer l'affichage ou l'impression selon la police utilisée.

Une étude en fa mineur
Une étude en fa# mineur

Une symphonie en si majeur
Une symphonie en sib majeur
Une symphonie en sib majeur

Numéro d'opus

Forme abrégée et espace : Dans un titre, le mot opus s'écrit avec sa forme abrégée et avec une minuscule, soit op. Il est précédé d'une virgule et doit être suivi d'une espace. L'absence d'espace est fréquente dans les sources britanniques; op.23.

Arnold Schoenberg, Trois pièces pour piano, op. 11 (1909)

Référence à une œuvre uniquement par son numéro d'opus : Le mot opus s'écrit au long et prend la minuscule lorsqu'on s'en sert pour parler d'une œuvre sans mentionner son titre ou pour pour désigner l'œuvre au complet.

l'opus 22
l'op. 22
l'Opus 22
l'Opus 54

Les quatuors de l'opus 20 de Haydn font appel à la technique de la fugue.
Le compositeur a utilisé dans cet opus une nouvelle technique d'organisation des hauteurs.

On peut omettre la virgule devant le numéro d'opus ou de catalogue lorsqu'on parle d'une œuvre en se servant d'une référence simple, donc sans fournir le titre complet, surtout lorsque celui-ci a été donné auparavant.

Elle a joué la Sonate op. 110.
On présentera la Cantate BWV 147.

Ponctuation et numéro à l'intérieur d'un opus : On met une virgule avant et après le numéro d'opus, de même qu'après le numéro à l'intérieur de cet opus, le tout formant une apposition au titre. Le numéro d'ordre forme une apposition par rapport à l'opus. Il doit y avoir une espace après l'abréviation no, comme après l'abréviation op.

La Sonate pour piano no 13, op. 27, no 2, de Beethoven se compose de trois mouvements.
La Sonate pour piano no 13, op. 27 no 2, de Beethoven se compose de trois mouvements. {On peut souhaiter ne pas multiplier les virgules et considérer le numéro d'opus et le numéro à l'intérieur de celui-ci comme format un tout, auquel cas il faut procéder de manière uniforme dans un même texte. La virgule après l'ensemble reste cependant essentielle.}
La Sonate pour piano no 13, op. 27, no 2 de Beethoven se compose de trois mouvements. {L'absence de virgule après le numéro à l'intérieur de l'opus est incorrecte.}

La virgule est essentielle pour bien détacher les éléments, et ce, même si le titre est en italique, car son absence pourrait donner l'impression que l'ensemble aurait dû être en italique mais que l'on a oublié le numéro d'opus.

Robert Schumann, Liederkreis, op. 39
Robert Schumann, Liederkreis op. 39

Numéro d'opus et année de composition : Il n'y a pas de virgule après le numéro d'opus lorsqu'il est suivi de l'année de composition placée entre parenthèses. La virgule se place après l'année.

Le Concerto pour piano no 3 en do mineur, op. 37 (1800), de Beethoven fournit un exemple de mouvement lent dans une tonalité située à distance de tierce.

Barre oblique : On ne sépare pas le numéro d'opus et le numéro à l'intérieur de cet opus avec une barre oblique, sauf peut-être dans des listes ou des tableaux où cette graphie pourrait être avantageuse.

op. 27/2

Ajout d'une lettre ou des mots bis ou ter : Dans certains cas, habituellement d'arrangements, les numéros d'opus comportent une lettre (normalement a ou b) ou les mots bis ou, très rarement, ter. Ces suffixes s'écrivent toujours en minuscules et sont collés au numéro.

Johannes Brahms, Variations sur un thème de Haydn, op. 56a/56b (1873) {La première version est pour orchestre, la deuxième pour deux pianos.}
Max Reger, Variations et fugue sur un thème de Mozart, op. 132/132a (1914) {La première version est pour orchestre, la deuxième pour deux pianos.}
Sergueï Prokofiev, Cinq mélodies pour violon et piano, op. 35bis (1925) {L'op. 35bis est un arrangement des Cinq mélodies, op. 35 (1920).}
Sergueï Prokofiev, Scherzo et marche, tirés de L'amour des trois oranges, op. 33ter (1922)

Absence de numéro d'opus : Si une œuvre ne possède pas de numéro d'opus, on n'écrit rien, même si les autres titres d'une même liste en possèdent un.

Graphies inhabituelles : Il est souvent souhaitable de standardiser le format des numéros d'opus présentés en fonction de normes différentes, comme on peut le voir sur certaines pages de titre.

op. 27, no 2
op. 27, no II
op. 27/2
op. 27, Nr. 2

Autres langues : En anglais et en allemand, les numéros d'opus et les numéros à l'intérieur d'un opus s'écrivent de manière légèrement différente.

angl. op. 10, no. 5; Op. 10, No. 5 {La première graphie est préférable; elle correspond d'ailleurs à la recommandation du Chicago Manual of Style, 17e éd. (2017), par. 8.195-196. La seconde est très fréquente, mais conduit à un abus de majuscules dans un contexte où la chose n'apporte rien.}
all. op. 10, Nr. 5 {Le mot latin prend une minuscule et le mot allemand une majuscule.}

Numéro de catalogue thématique

Numéros d'opus et de catalogue thématique : On accorde la préférence au numéro de catalogue thématique, qui reflète l'ordre chronologique véritable, plutôt qu'à un numéro d'opus qui ne reflète pas cet ordre, comme c'est le cas chez Schubert et Busoni.

Franz Schubert, Impromptu en do mineur, D. 899 (1827), et non op. 90, no 1
Ferruccio Busoni, Concerto pour piano, orchestre et chœur d'hommes, BV 247 (1904), et non op. 39 ou XXXIX, numéro aussi porté par Des Sängers Fluch : Ballade für Alt mit Pianofortebegleitung, BV 98 (1878)

Ponctuation : Le numéro de catalogue est toujours séparé du sigle ou de l'abréviation qui précède par une virgule.

Henry Purcell, Theodosius, or The Force of Love, Z. 606 (1680)

La virgule tombe lorsqu'on désigne une œuvre par son numéro de catalogue ou son numéro d'opus plutôt que par son titre complet.

La Cantate BWV 147 se termine par le choral Jesus bleibet meine Freude.

Choix du catalogue : Il existe dans quelques cas plus d'un catalogue pour un même compositeur, donc plusieurs sigles. Pour ne pas alourdir la présentation, on choisit le plus reconnu ou le plus récent.

Année de composition

Position de l'année : L'année de composition se place entre parenthèses après le numéro d'opus ou de catalogue.

Franz Liszt, Festklänge, S. 101 (1853)

Intervalle de dates : On peut choisir entre l'année de fin de composition et l'intervalle de dates reflétant l'ensemble du processus créateur.

Franz Liszt, Eine Symphonie zu Dantes « Divina commedia », S. 109 (1856)
Franz Liszt, Eine Symphonie zu Dantes « Divina commedia », S. 109 (1855-1856)

Révision : Une présentation plus complexe peut s'imposer lorsqu'une œuvre a été revue. On peut utiliser l'une ou l'autre des formes suivantes.

Franz Liszt, Héroïde funèbre, S. 102 (1849-1850, révision 1854-1856)

Année de publication ou de première représentation ou composition : Il arrive que des ouvrages donnent l'année de publication plutôt que celle de composition. On peut fournir les deux dates lorsqu'elles ne sont pas identiques.

Robert Schumann, Lieder und Gesänge, op. 27 (1840)
Robert Schumann, Lieder und Gesänge, op. 27 (publ. 1849)
Robert Schumann, Lieder und Gesänge, op. 27 (1840, publ. 1849)

Dans le cas des opéras, plusieurs ouvrages utilisent l'année de la première représentation plutôt que celle de la composition. Il faut donc vérifier et utiliser l'expression créé en ... plutôt que simplement donner la date. Certains auteurs donnent uniquement la date d'achèvement plutôt que l'intervalle d'années.

Franz Schreker, Der Schatzgräber (créé en 1920)
Franz Schreker, Der Schatzgräber (1915-1918)
Franz Schreker, Der Schatzgräber (1918)

Titre secondaire

Titres consacrés par l'usage : On peut se servir des titres populaires légitimés par des années d'utilisation, et ce, même s'ils ne proviennent pas du compositeur ou n'ont pas reçu sa sanction.

« Les adieux » (Beethoven)
« Air sur la corde de sol » (Bach)
« Trio Archiduc » (Beethoven)
« L'harmonieux forgeron » (Handel)
« Lobgesang » (Mendelssohn)
« Résurrection » (Mahler)

La première édition du New Grove Dictionary of Music and Musicians (art. « Nicknamed and titled compositions ») offre une liste dans laquelle les titres donnés ou approuvés par les compositeurs sont identifiés à l'aide d'un astérisque; l'article n'apparaît pas dans la deuxième édition.

Titres commerciaux : Il faut toujours faire preuve de prudence avec les titres inventés à des fins commerciales et non sanctionnés par le compositeur.

« Rach 3 » (Rachmaninov, Concerto pour piano et orchestre no 3 en ré mineur, op. 30) {utilisé à l'excès à l'époque de la parution du film Shine (1996) de Scott Hicks basé sur la vie du pianiste David Helfgott}
« Elvira Madigan » (Mozart, Concerto pour piano et orchestre no 21 en do majeur, K. 467) {d'après le film de Bo Widerberg (1967), dans la bande sonore duquel le pianiste Géza Anda jouait le mouvement lent}

Il faut se méfier des titres souvent sentimentaux donnés à une certaine époque à des œuvres de Chopin, comme les Préludes (par Hans von Bülow) et les Études.

« Tristesse » (op. 10, no 3), « Sur les touches noires » (op. 10, no 5), « Harpe éolienne » (op. 25, no 1), « Vent d'hiver » (op. 25, no 11)

Ponctuation : Les titres secondaires s'écrivent en romain et entre guillemets et sont séparés du titre ou du numéro d'opus par une virgule; l'année de composition se place après l'ensemble. La virgule est de beaucoup préférable aux parenthèses, car elle permet d'éviter la juxtaposition inélégante de deux groupes entre parenthèses, que l'on devrait toujours éviter.

Ludwig van Beethoven, Sonate pour piano no 8 en do mineur, op. 13, « Pathétique » (1797-1798)
Ludwig van Beethoven, Sonate pour piano no 8 en do mineur, op. 13 (« Pathétique ») (1797-1798)

Extrait

Ponctuation entre les titres de l'œuvre et de l'extrait

Le deux-points sert à séparer l'œuvre du mouvement (qui s'abrège au besoin en mouv.) auquel on fait référence.

Maurice Ravel, Miroirs (1904-1905) : « Une barque sur l'océan » (no 3)

C'est par contre la virgule qui servira si les deux éléments se retrouvent dans une phrase.

C'est dans « Une barque sur l'océan », no 3 de Miroirs (1904-1905), qu'il a donné le meilleur de lui-même.

Référence à un mouvement : On écrit le numéro du mouvement en chiffres si l'on fournit une donnée factuelle à la suite du titre, et en lettres s'il s'agit de désigner sa position lorsqu'on donne l'information à l'intérieur d'une phrase.

Anton Bruckner, Symphonie no 7 en mi majeur (1881-1883) : 2e mouvement (« Sehr feierlich und sehr langsam »)
L'interprétation du « Sehr feierlich und sehr langsam », deuxième mouvement de la Symphonie no 7 en mi majeur (1881-1883), était particulièrement réussie.

Extrait de, tiré de : Deux possibilités s'offrent, particulièrement dans un programme de concert, pour préciser qu'une pièce ou un mouvement provient d'une œuvre en plusieurs parties. La préposition anglaise from ne peut pas être simplement traduite en français par son équivalent de. Il faut utiliser extrait(e) de ou son abréviation extr. de, ou encore tiré(e) de. La forme complète exige l'accord en genre et en nombre, et il faut choisir correctement le genre à donner à un mot dans une autre langue. Il n'est cependant jamais clair si l'abréviation extr. correspond à un substantif masculin ou à un adjectif devant s'accorder avec le genre de la pièce en question. L'abréviation ne s'écrit pas ext., qui correspond aux mots externe et extérieur.

« Chaconne », extr. de la Partita pour violon no 2 en ré mineur, BWV 1004 {Cette présentation oblige à s'assurer que la correction automatique faite par les logiciels n'impose une majuscule à la préposition puisqu'elle est précédée d'un point, p. ex. extr. De.}

« Chaconne », extrait de la Partita pour violon no 2 en ré mineur, BWV 1004 {Le substantif devrait être évité à cause de l'absence de correspondance de genre.}

« Chaconne », extraite de la Partita pour violon no 2 en ré mineur, BWV 1004 {Le mot écrit au complet semble trop long, surtout au féminin, et le serait encore plus s'il était question de plusieurs pièces et qu'il fallait utiliser le féminin pluriel extraites.}

« Chaconne », tirée de la Partita pour violon no 2 en ré mineur, BWV 1004 {L'adjectif accordé avec le nom qui précède semble un excellent compromis, plus court que la forme complète de l'autre possibilité, et ce, même au féminin pluriel.}

Respect de la terminologie : La terminologie utilisée par le compositeur pour diviser une œuvre en sections devrait être retenue.

Un opéra est habituellement divisé en actes et en scènes, mais peut aussi se composer autrement.

Utilisation des majuscules : Les règles relatives à l'utilisation des majuscules dans les titres anglais tombent lorsqu'il s'agit de citer les titres des airs d'opéras et d'oratorios, qu'on désigne habituellement au moyen de leur incipit.

Henry Purcell, Dido and Aeneas, Z. 626 (1689) : « When I am laid in earth » (acte 3, scène 2) {Si l'on veut inclure le récitatif qui précède, on le séparera du titre par un tiret cadratin (ou demi-cadratin, si le premier semble trop long dans la police utilisée) : « Thy hand, Belinda — When I am laid in earth ».}

Mention de l'incipit : Lorsqu'on veut fournir l'équivalent français d'un extrait vocal, il peut être souhaitable d'ajouter entre crochets quelques mots permettant à la traduction d'avoir du sens. On doit cependant se demander si un tel raffinement bibliographique convient au contexte.

Le récital s'est terminé avec, en rappel, le célèbre air « Ombra mai fu » (Jamais l'ombre [d'une plante] ne fut [aussi chère]) de l'opéra Serse de George Frideric Handel.

Arrangements

Ordre des éléments : Lorsqu'il s'agit de mettre en forme un arrangement d'une œuvre, on peut utiliser l'une ou l'autre des formulations suivantes en fonction des exigences du contexte.

Franz Schubert, arr. Franz Liszt, Die junge Nonne, S. 558 (1837-1838)
Franz Schubert, Die junge Nonne, D. 828 (1825), arr. Franz Liszt (S. 558, no 6; 1837-1838)
Franz Liszt, « Die junge Nonne », tiré des Douze lieder de Franz Schubert, S. 558 (no 6) {Il est difficile dans ce cas d'ajouter les années de composition puisqu'on aurait la rencontre inélégante de deux éléments entre parenthèses.}
Franz Liszt, « Die junge Nonne », no 6 des Douze lieder de Franz Schubert, S. 558 (1837-1838)

Juxtaposition des noms : C'est le trait d'union, et non la barre oblique, qui sert à juxtaposer les noms d'un compositeur et de son transcripteur.

Bach-Liszt
Bach/Busoni

Particularités

Indication de l'instrument : On laisse généralement en romain l'indication de l'instrument ou du groupe d'instruments d'une œuvre avec un titre évocateur ou descriptif, particulièrement si elle est détaillée. Il il est aussi possible de la composer en italique, surtout si elle fait partie du titre tel que formulé par le compositeur ou que la désignation comprend un détail important.

Ferruccio Busoni, Élégies pour piano, BV 249 (1907-1908)
Franz Liszt, Hymne de l'enfant à son réveil pour voix de femmes, harmonium ou piano et harpe ad libitum, S. 19 (v. 1845, révisé en 1862 et en 1874)
Théodore Dubois, Dix pièces pour grand orgue (1921)

Traduction : Dans le cas d'un titre dans une langue que les lecteurs sont peu susceptibles de connaître, il convient de fournir une traduction entre crochets, qui sont préférables aux parenthèses puisqu'ils montrent clairement qu'il s'agit d'un ajout.

Franz Schubert, Der Hirt auf dem Felsen [Le pâtre sur le rocher], D. 965

La même chose s'applique, p. ex. dans un programme de concert, pour les désignations ou indications de tempo en allemand que l'on trouve parfois chez Beethoven et fréquemment chez Schumann et Mahler. Les exemples plus bas sont tirés de la première partie de la Symphonie no 5 de Mahler.

Im gemessenen Schritt. Streng. Wie ein Kondukt [Au pas mesuré. De manière stricte. Comme un conduit]
Stürmisch bewegt. Mit größter Vehemenz [Animé comme un orage. Avec la plus grande véhémence]

Présentation complexe de titres : On peut avoir besoin, p. ex. dans un programme de concert fournissant tous les détails nécessaires pour bien apprécier le contexte d'une œuvre donnée, de composer un titre nécessitant des ponctuations. Dans l'exemple plus bas, on retrouve le nom du compositeur avec ses dates; le titre avec sa traduction, suivi du numéro d'opus et de l'année de composition; et enfin le nom de l'auteur du texte, lui aussi avec ses dates.

Antonín Dvořák (1841-1904), Zigeunermelodien [Mélodies tziganes], op. 55 (1880); Adolf Heyduk (1835-1923)

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Date de dernière modification : 2024-08-20
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Guide des difficultés de rédaction en musique (GDRM)
Faculté de musique, Université Laval, Québec